TAMMIE ► « Past the windows of the blissfully dead. »

Il est peut être logique pour quiconque qu'un officier de police judiciaire soit toujours en train de arpenter les rues à la recherche de nourritures, à défendre les plus faibles et à apporter son aide à la communauté. Cela est même logique pour Tammie. Ce qui l'est moins, c'est que cela soit tombé sur elle. Elle aurait préféré quelqu'un d'autre. Elle n'a jamais eu autant de responsabilité. Elle refusait d'avoir un enfant, pas même un poisson rouge ou une plante verte. Et maintenant, elle sert de référente à bon nombre d'âmes égarées, plus encore auprès de ceux qu'elle a sauvé et qu'elle a amené sain et sauf dans cet havre de sécurité qu'elle se force à maintenir. Elle a dû prendre des décisions difficiles parfois, souvent contestées mais avec l'aide de quelques uns et les quelques officiels encore en vie, elle parvient à maintenir une sorte de statut quo. Evidemment, elle se heurte souvent aux fortes têtes, au rang desquels Etienne et sa clique, mais les choses se tassent avec le temps. Elle fait systématiquement partie des volontaires pour sortir. Le fait est qu'elle n'ait jamais aimé être enfermée compte peu à côté de l'espoir de retrouver un jour Desmond et surtout David. A l'idée de l'imaginer dehors, peut être mort, peut être vivant, peut être les deux, elle ne tient pas en place et sourit peu. De fait, elle préfère s'attacher le moins possible et si elle fait preuve de bonté et d'attention à l'égard de chacun, elle fait en sorte de maintenir une distance pour maintenir son autorité mais surtout pour ne pas souffrir inutilement si quelque chose arrive. Car quelque chose arrive toujours.

Tammie était installée à son bureau, tentant de rattraper le retard administratif cumulé durant son hospitalisation. David était peut être un excellent partenaire et il lui avait prouvé qu’il était capable de tuer quelqu’un pour lui sauver la vie mais une chose demeurait : il était viscéralement allergique à la rédaction des rapports d’enquête. Elle se passa la main dans ses courts cheveux d’un roux flamboyant, les lettres noires sur le document Word commençant à s’embrouiller considérablement après une longue journée de travail. Travailler en tant qu’enquêtrice à la criminelle se caractérisait réellement par cette tendance aux montagnes russes entre l’adrénaline de la traque d’un meurtrier, l’effroi d’une scène de crime, la tension palpable lors des interrogatoires et la monotonie administrative. Contrairement à son partenaire et même si ce n’était pas la tâche la plus passionnante, c’était également le moment qu’elle préférait dans sa journée. Après une journée harassante et emplie de rebondissements, cela lui permettait progressivement de se détacher de la crasse morale qu’elle avait cumulée tout au long de ces 12 dernières heures et elle ne ramenait pas chez elle les souvenirs qui pouvaient la hanter la nuit. Elle n’était pas contrainte de trouver la consolation dans une bouteille de whisky dès l’aube pour oublier. « Pardon. David est dans le coin ? » Elle sursauta en entendant une voix féminine juste à côté d’elle et posa un regard suspicieux sur son interlocutrice. Andie Sheffield. Procureur avec qui ils devaient travailler main dans la main. Particulièrement appréciée de la gente masculine. Et accessoirement ancienne petite amie de David. Elle lui adressa un sourire polie et fit un signe vers le bureau de leur supérieur hiérarchique. « Il est avec le Capitaine. » « Merci Tammie. Ca m’a fait plaisir de te revoir. » Ladite Tammie se contenta de hocher la tête, ne lui faisant pas l’affront de mentir.

Ce n’est que vers minuit qu’elle décida qu’elle en avait fait suffisamment pour aujourd’hui et que c’était peine perdue. Autant rattraper un train avec un poney shetland. Elle éteignit soigneusement son ordinateur et son bureau, mit les rapports tapés dans la corbeille du Capitaine et salua l’équipe de nuit qui prenait le relais pour des affaires toujours un peu plus tendues que les leurs. Elle ferma les yeux en sentant le vent frais de la nuit caresser son visage et apprécia la quiétude des lieux, tranchant singulièrement avec ceux de la journée. « Un jour, je vais demander à Caubert de pratiquer une autopsie sur toi, histoire de vérifier que tu n’es pas une machine. » Elle se retourna vers son partenaire qui s’approchait d’elle, un sourire fatigué sur le visage et les yeux brillants de celui qui a bu une bière de trop. « Il faut bien que quelqu’un termine les rapports que quelqu’un ne s’est pas occupé durant mon hospitalisation. » « Oh, mais ce quelqu’un savait parfaitement que les taper serait un parfait remède pour toi. » Elle secoua négativement la tête, roulant des yeux vers le ciel. Le silence s’étira entre eux avec aise. « Tu t’es amusé avec Sheffield ? » « Comme toujours. » « Urgh, passe moi les détails… » Le jeune homme éclata de rire. « Non, c’est terminé depuis bien longtemps. Elle et moi... » « Arrête, je ne veux pas un mot de plus. Tu t’enfonces. »

Il secoua la tête une fois de plus, amusé, avant de poser délicatement sa main contra la joue de Tammie qui luttait pour garder les yeux ouverts. « Tu racontes toujours des bêtises quand tu es fatiguée. » « Je ne raconte pas de bêtises. » répliqua-t-elle en penchant légèrement la tête de côté et en fermant les yeux, appréciant le contact humain contre sa peau. Ca faisait un bail depuis qu’on l’avait touché de cette manière. Elle ne savait si c’était la fatigue qui la faisait réagir ainsi mais c’est comme si toutes ses inhibitions tombées et qu’elle était trop exténuée pour maintenir ce mur de séparation qu’elle maintenait soigneusement entre eux depuis qu’elle avait découvert qu’elle était amoureuse de son partenaire. Elle entendit ce dernier prendre une profonde inspiration surprise et le sentit se crisper. Immédiatement, elle redressa sa tête et baissa son visage, prêt à s’excuser mais David l’interrompit par un murmure à peine audible. « Tam, je vais faire quelque chose que je vais très certainement regretter. » Elle cessa de respirer alors que son regard ne quittait pas les yeux azur du Détective. « Et tu devrais m’arrêter… » Mais elle ne pouvait avoir la moindre pensée cohérente alors que le visage de son partenaire, de celui à qui elle pouvait confier sa vie, celui pour lequel elle tuerait sans le moindre regret, son double, son égal. « Et si je ne le fais pas ? » demanda-t-elle finalement dans un souffle alors que leurs visages n’étaient plus qu’à quelques millimètres l’un de l’autre. Il glissa sa main davantage sur sa nuque, caressant ses courts cheveux : « Alors, je vais entièrement ruiner notre collaboration. » Elle déglutit, incapable de regarder ailleurs que dans les yeux de son partenaire, ses lèvres parsemés de picotement à la chaleur et la proximité de ce dernier. « Je pense qu’elle est ruinée depuis un petit bout de temps. » Le baiser qui suivit fut douloureusement lent et tendre, tout ce qu’ils n’étaient pas, tout ce que leurs sentiments n’étaient pas mais il s’agissait d’une nouvelle donne. « Viens chez moi. » souffla-t-elle, oubliant de respirer alors qu’elle mordillait la lèvre inférieure de David. La seule réaction de ce dernier fut de grogner avant de s’emparer à nouveau de ses lèvres : « Dieu, je pensais que jamais tu ne me le dirais. »

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Une respiration lourde était la seule chose qui retentissait aux alentours. Plongée dans le noir, Tammie était aux aguets, tentant de calmer les rythmes effrénées de son cœur. Elle avait l’impression de vivre un rêve éveillé, ou en l’occurrence, il s’agissait davantage d’un cauchemar éveillé. Elle en avait pourtant vu des vertes et des pas mûrs depuis qu’elle était entrée dans la police mais cela dépassait l’imaginaire. Elle avait du mal à réaliser la situation et allait jusqu’à refuser même celle-ci. Refuser le fait qu’ils avaient été appelés sur une scène de crime barbare et qui avait fait monter la bile jusqu’à ses lèvres. Refuser le fait que le médecin légiste s’était fait attaqué par le cadavre qu’il examinait sous leurs yeux et qu’ils n’avaient rien pu faire malgré leur tentative. Refuse le fait que la ville avait plongé dans le chaos en à peine quelques heures, plus sûrement et irrémédiablement qu’une quelconque émeute urbaine. Refuser le fait que la constatation était sortie des bouches du Capitaine devant la poignée de policiers encore en vie et auprès desquels se raccrochaient les survivants, ceux qui n’avait pas été infectés. Refuser le fait qu’elle avait dû elle-même mettre une balle dans la tête de sa propre mère alors qu’elle se repaissait des cadavres de sa famille. Refuser le fait que le monde qu’elle connaissait, aussi violent et sombre qu’il soit, n’était plus.

Elle se retourna doucement en entendant le sanglot étranglé de la petite Anna. Cette dernière tremblait, les yeux solidement fixés au sol tandis que son frère lui tenait fermement la main, lui invectivant de se taire. Le bruit les attirait. Elle lui adressa un sourire qui se voulait rassurant, le sourire qu’elle adressait aux enfants sanglotants dans la rue et observant leur père se faire interpeller pour violences sur leur épouse. Mais la situation était bien pire. Au-delà, elle observa la dizaine de survivants que Desmond, David et elle avaient pris sous leurs ailes au gré de leur pérégrination. Ils devaient trouver un refuge et David avait proposé le centre commercial. C’était le lieu idéal selon lui. Issues sécurisées, équipements et nourritures leur permettant d’attendre les renforts que le gouvernement n’hésitera pas à envoyer à leur aide, générateur électrique fonctionnant en circuit fermé. Mais pour cela, il fallait traverser la ville et notamment la rue principale sur laquelle grouillaient pas moins d’un millier de zombies, attirés par le coup de feu que cette imbécile de Ruth avait tiré.

Vérifiant que tout le monde se tenait à carreau, elle échangea un regard avec David et même s’il ne l’observait pas, elle reconnut cette lueur dans ses yeux et son cœur se glaça. En faisant le moins bruit de possible, elle se rapprocha de son époux et chuchota : « Il en est hors de question. » L’espace d’un instant, elle cru voir un sourire se dessiner sur les lèvres de ce dernier avant qu’il ne réponde sur le même ton. « Bien sûr que si. » Elle hocha négativement la tête. Il en était hors de question, c’était aussi simple que ça. « Je ne te laisse pas ici. » « Desmond et moi, on va les occuper. Pendant ce temps, tu emmènes tout ce petit monde à l’abri. » « Tu m’as mal comprise David : je ne te laisse pas ici. Il en est hors de question. » « Aussi romantique que ça puisse paraître, c’est d’une stupidité sans nom, Tam. J’ai peur de devoir insister pour que tu le fasses. Maintenant, tu pars et tu fais ton job, agent Miller. C’est un ordre. » « Tu n’as pas à me donner d’ordre. » « Je suis le plus gradé avec la plus grande ancienneté, tu fais ce que je te dis, Lieutenant. » Elle prit une profonde inspiration et détourna le regard, observant la faible troupe encore en vie qu’ils avaient réussi à arracher des griffes. Elle tourna son regard professionnel et résolu vers le policier et lui murmura d’une voix aussi froide que l’acier qu’ils utilisaient contre les crânes : « Si tu me laisses tomber Miller, je me ferai un plaisir de tirer une balle dans ta caboche moi-même s’il le faut. » « Tu n’en auras pas besoin. » Elle hocha la tête et s’apprêtait à reculer lorsqu’il la retint par la main. Son regard bleu s’était adouci. « Merci. » Ils n’avaient pas besoin de parler. Ils savaient l’un l’autre. Elle lui adressa un sourire avant de se retourner vers les survivants et d’attendre l’opportunité.

Elle a toujours détesté son prénom, raison pour laquelle tout le monde l'appelle Tammie. ► Lorsqu'elle était plus jeune, ses parents l'ont mises dehors après l'avoir surpris en train de s'injecter de l'héroïne, malgré toute l'aide et le soutien qu'ils lui avaient apporté jusqu'à présent. Il ne voulait pas qu'elle entraîne sa soeur cadette sur une mauvaise pente. ► C'est grâce à l'aide d'un ambulancier au grand coeur qu'elle a pu s'en sortir et trouver la volonté de ce faire. ► Elle a repris des études et c'est quelques années plus tard qu'elle a invité ses parents à sa remise de diplôme avec fierté. Elle ne les avaient pas revus depuis 6 ans. ► Après être sortie de police et avoir fait ses preuves dans la rue, il lui a été proposé de travailler en partenariat avec le célèbre agent David Miller. Si les débuts furent difficiles, elle sut immédiatement qu'elle pouvait lui confier sa vie les yeux fermés. Son intuition fut confirmée lorsque elle fut touchée par un dealer qu'ils poursuivaient. ► Lorsque l'épidémie se propagea, elle fut en première ligne de par ses fonctions et fut dans un premier temps chargée de maintenir le calme, mais comment le maintenir lorsque le monde s'écroule ? ► Elle s'est forcée à venir en aide au plus de personnes possible et ce n'est que lorsque ses supérieurs l'y autorisa qu'elle se précipita chez elle pour découvrir sa mère en train de se repaître des entrailles du reste de la famille. Elle refusa dans un premier temps de la tuer à nouveau mais n'eut d'autre choix de le faire lorsqu'elle se précipita sur la chair de sa chair. ► Elle continue de venir en aide au maximum de personnes possible et d'utiliser les raids pour récupérer des objets personnels que les réfugiés réclament. Il faut se tenir à quelque chose. ► Dotée d'une forte personnalité, elle n'hésite pas à remettre à leur place quiconque tente de se mettre au travers de son chemin. Tant qu'elle n'a pas de nouvelles de David, elle continuera de prendre part aux raids. De la même manière, si elle doit faire preuve de torture pour obtenir ce qu'elle veut, même si elle n'aime pas, elle le fera sans l'ombre d'une hésitation. Cet élément est cependant uniquement connu de son équipe de raid. ► Elle ne se repose pas souvent mais à chaque fois que la radio improvisée de Barney résonne dans le centre commercial, elle s'arrête et écoute, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. ► Etrangement, elle a un mal fou à manger de la viande rouge désormais. En même temps, ce n'est pas comme s'il y en avait à foison aujourd'hui. ► Lors d'un raid, elle a eu la surprise et le bonheur de retrouver son chien, Echo, en bonne santé. ► Très proche des enfants, elle aurait souhaité en avoir un.